Le raté de la réforme des rythmes scolaires

Coloriage, coloriage, encore du coloriage... from Pixabay

Coloriage, coloriage, encore du coloriage… from Pixabay

La difficulté, c’est que je suis d’accord avec le principe, mais pas du tout avec son application.

Déjà, le but est semble-t-il de palier à l’échec scolaire, en saisissant le problème à sa source, en essayant de comprendre pourquoi 15% des élèves qui passent du CM2 à la 6ème n’ont pas une bonne maîtrise de la lecture et de l’écriture. On veut s’approcher des rythmes pratiqués par nos voisins européens, qui usent quasiment tous de la semaine de 4 jours et demi, et pour qui cela semble fonctionner. Les chiffres le montrent grâce aux évaluations à l’école primaire, le niveau de nos petites têtes blondes est inférieur aux autres élèves européens. Alors, 4 jours et demi, oui, mais avec en plus des heures d’activités facultatives, proposées au sein de l’école. Parfois étalées sur toute la semaine, par périodes de 3/4 d’heure ou d’une heure, et parfois réunies en une demi-journée. Bien sûr, que je suis d’accord, qui ne souhaite pas la réussite de ses enfants ?

Pour ma part, quand j’étais à l’école primaire, nous allions à l’école sur 4 journées complètes, de 8h45 à 16h15, et un samedi sur trois, nous avions de l’école de 8h45 à 12h. Et on en est pas mort. Et comme c’était un samedi sur 3, un nombre impair donc, les parents divorcés ne criaient pas au scandale. Et il parait qu’avant, les résultats scolaires en primaire étaient meilleurs dans leur ensemble (moi j’dis ça, j’dis rien). Et pour les activités extra-scolaire, on avait quasiment tous quelque chose le mercredi : sport, musique, catéchisme (oui, ça se perd ça par contre)…

Dans la pratique chez nous : Chouchou va a l’école de 8h35 à 16h10, normal quoi, le lundi, mardi et jeudi. Le mercredi il y va de 8h35 à 11h45. Et le vendredi, de 8h35 à 12h. Donc, je me plante tout le temps entre le mercredi et le vendredi, alors qu’on est fin Novembre quand même, mais y’a rien à faire je mélange toujours les deux. Les activités facultatives ont lieu le vendredi après-midi. L’appel d’offre a été remporté par la MJC du village (on en a une, c’est une chance énorme) et cette année, la thématique des activités sera l’Afrique. Je n’en sais pas plus, Chouchou n’y va pas, pour une seule raison : la fatigue.

Sans mensonge aucun, la situation à la maison est très compliquée, et j’accuse précisément cette réforme, à mon sens mal appliquée. Chouchou est couché chaque soir à 19h30. Il n’y a plus de sieste à l’école, donc nous lui imposons d’en faire une le week-end mais aussi le mercredi et le vendredi. Quand il refuse de les faire (c’est un enfant après tout), il finit par s’endormir à table. Depuis trois jours, le soir c’est le même cirque :

« – Chouchou, si tu ne manges pas, tu vas au lit tout de suite alors.

– D’accord, je vais au lit. »

Sous nos yeux effarés, Chouchou se lève, va aux toilettes, et entame la montée de l’escalier pour se rendre à la salle de bain. Même quand il aime ce qu’il y a dans son assiette, même quand il n’a quasiment rien mangé au goûter, même quand il n’est que 19h15.

S’il faut revoir les rythmes scolaires pour nos enfants, pour une meilleure réussite dans l’apprentissage, bien sûr que je suis d’accord. Mais clairement, il ne fallait pas imposer de demi-mesure ainsi. Il fallait un texte plus précis : les activités c’est ça, ça et ça. Mais pas laisser le choix selon les moyens des communes, selon la cotisation forfaitaire que l’on va oser proposer aux parents pour ces activités facultatives. Ca coûte du blé, ok. Les mairies ne reçoivent pas assez d’aides de l’Etat, ok. Le débat de la distribution des moyens de l’Etat est bien vaste, mais au fond, dans notre débat, celui des rythmes scolaires et de l’apprentissage de nos enfants, on en a rien à faire. Ils veulent nous proposer une réforme, alors qu’ils y attribuent les moyens suffisants, ou qu’ils ne fassent rien.

Soit on ne fait rien, soit on y va à fond, et dans quelques années on y pensera même plus. Le changement fait peur, mais s’il est bien orchestré, il peut très bien se faire en douceur, pas comme ce qui a lieu en ce moment, et depuis plus d’un an.

J’aurais préféré qu’il n’y ai pas cette possibilité de demi-journée. Qu’il n’y ait de l’école que le matin, sur 5 jours par semaine, en alternant le mercredi et le samedi en guise de cinquième jour. J’aurais préféré que, quitte à ce qu’il y en ait en maternelle, on impose des activités plus « exotiques », que l’on interdise les activités similaires à celles de l’école : éveil musical, initiation à certains sports, d’équipe ou individuels ; mais pas de coloriage, pitié. J’aurais aimé que les heures du soir soient obligatoire en primaire et consacrées aux devoirs ou au soutien scolaire. Je n’ai pas sous les yeux d’études précises, mais je mettrais ma main à couper qu’il y a un lien entre l’augmentation de l’échec scolaire en primaire et les conditions de réalisation des devoirs à la maison (mais c’est un autre débat).

Bref, ça me saoule, ceux qui sont contents semblent rares mais ils ont bien de la chance s’ils n’ont rien à redire ; ceux qui sont mécontents partent dans tous les sens, et oublient aussi qu’on a quand même un problème à résoudre à la base, et que ce n’est pas en faisant rien que ça ira mieux. Et entre deux, tout le monde s’énerve, ça envenime la situation, et on a toujours pas de solution…

PS : pour les chiffres que je cite, je les ai tous entendus à la radio, notamment Europe 1. Je ne suis pas sûre de leur exactitude, mais à mon avis ils sont proche de la réalité. Le but est d’imager mon propos, pas de faire une étude à envoyer au ministère de l’Education Nationale.

2 réflexions sur “Le raté de la réforme des rythmes scolaires

  1. couf dit :

    entièrement d’accord avec toi…(et au passage gros bisous) le changement ok, mais doucement pour les enfants. Mes filles sont fatigués c’est juste insupportable, de plus la fatigue ne leur donne plus l’envi de faire les devoirs et sa devient vite les disputes à la maison. ASSEZ !

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