Pour ceux qui ne connaîtraient pas le problème, il faut savoir que pendant la grossesse, certaines futures mamans développent au sixième mois un diabète gestationnel. Autrement dit, on en fait pas du tout en temps normal, mais là oui. Le placenta filtre l’insuline produite par le corps, le bébé l’absorbe, ce qui risque de le faire grossir beaucoup trop, et qu’il en devienne dépendant, au risque de faire des hypoglycémies à la naissance. En parallèle, la future maman a des taux glycémiques beaucoup trop élevés, puisqu’elle n’a pas assez d’insuline pour elle. La solution : pas de sucre = pas de taux qui grimpe = pas de surproduction d’insuline nécessaire.
La découverte
Pour ma première grossesse, en 2010, je découvrais tout. On me disait de faire un examen, je l’ai fait, et j’ai moi-même été surprise du résultat. Il y a 4 ans, personne autour de moi n’en avait entendu parler, je devais tout ré-expliquer à chaque fois. J’ai suivi le régime à la lettre, et fait les examens nécessaires, soit 2 RDV supplémentaires toutes les deux semaines, en plus du RDV mensuel avec la sage-femme, du RDV pour la dernière échographie, et du RDV avec l’anesthésiste. Mais bon, toute ma vie était centrée autour de mon nombril, c’était la seule chose qui comptait. Je dominais à peu près mes taux de glycémie, je faisais très attention, pesais tout ce que je mangeais. C’était un peu frustrant mais pas trop, je n’ai pris que 5kg au final, ça c’était le côté réjouissant. A la naissance, Chouchou pesait 2.880kg, les sages femmes ne me croyaient pas quand je leur disais que je faisait du diabète gestationnel. Il n’a jamais eu aucun problème de glycémie ou quoi que ce soit par la suite.
Reprendre les bonnes habitudes
Arrivée au sixième mois de grossesse, en 2013, j’ai refait leur super test en labo (qui doit coûter une fortune à la sécurité sociale à force d’y faire passer systématiquement toutes les femmes enceintes !) : une prise de sang à jeûn, 75g de glucose pur dans le bec, et une prise de sang au bout de 1 heure, puis une autre au bout de 2 heures. Interdiction formelle de sortir, de boire une goutte d’eau. Le verdict est tombé : diabète gestationnel à la clé. Comme si je ne m’y attendais pas, j’ai enchaîné les RDV avec Mme R., la diabétologue malaimable de l’hôpital où je suis suivie. J’avais plus de mal à réguler mes taux, j’étais plus facilement frustrée, pire… j’avais faim. J’ai fait de réels efforts, et ceux qui déjeunaient ou dinaient avec moi pourraient en témoigner, je respectais rigoureusement les consignes. Toutes les deux semaines, à voir mes taux, la diabétologue réduisait encore les doses de nourriture. Elle m’a même expédiée aussi sec chez sa voisine la diététicienne, qui a rit de me voir là, me disant que j’en faisais déjà bien assez. A 31 semaines de grossesse, elle me file une ordonnance pour des piqûres d’insuline à faire moi-même chaque matin. Je n’en ferai qu’une avant d’être prise d’une peur panique à la vue de l’aiguille et de ne jamais recommencer.
Le jour où tout bascule
A 32 semaines de grossesse, j’ai eu droit à mon échographie de suivi, celle qui permet de vérifier la croissance de bébé, et que tout se passe bien avant la dernière ligne droite. A la fin de l’examen, la sentence tombe : le bébé est trop petit, il est dans « le cinquième percentile » ou un truc comme ça, autrement dit, en comparant aux moyennes des poids de bébé à ce terme de la grossesse, Chouquette faisait partie des 5% de bébés les plus petits. Comme indiqué dans la procédure dans le carnet de suivi de la maternité « en cas de retard de croissance, une seconde échographie est planifiée 2 semaines plus tard ». L’obstétricien me demande alors combien de kilos j’ai pris depuis le début de ma grossesse : « J’en avais pris 3 mais depuis que je suis au régime pour le diabète gestationnel, j’en ai perdu 6. » Son air outré en a dit long, il m’a demandé de stopper tout net toute forme de régime, jusqu’au RDV deux semaines plus tard, histoire de voir si ça jouait dans la balance, bien qu’il n’ait aucun doute quant au rôle néfaste d’un régime draconien sur la croissance du foetus. Seul bémol pour lui : dans de rares cas, le diabète gestationnel fait l’effet inverse sur le bébé, et l’empêche de grossir, auquel cas il faudrait alors déclencher prématurément l’accouchement, dans une autre maternité équipée pour cela. Il m’a dit de maintenir mon RDV prévu entre temps avec la diabétologue, pour voir ce qu’elle en penserait, sachant qu’il laissait un compte rendu dans mon dossier à son attention.
Le duel des spécialistes
La diabétologue me dit de ne rien arrêter, et me pousse même à reprendre l’insuline, alors que je suis saisie d’une crise d’angoisse à chaque fois que j’approche l’aiguille de mon ventre. Je lui explique le soucis avec le bébé, elle ne veut rien entendre. Elle me dit de faire ce que je veux jusqu’au RDV de contrôle de croissance du bébé, qu’après tout elle n’est « pas dans ma cuisine », mais n’est pas ni aimable, ni compatissante le moins du monde, et fixe un autre RDV deux semaines plus tard. Perdue entre deux discours diamétralement opposés, je fais quand même le choix de stopper le régime, pour constater 5 jours plus tard à l’échographie que Chouquette est rentrée dans les courbes : elle est tout en bas certes, mais elle n’est plus en danger. L’obstétricien me dit donc de laisser tomber le régime définitivement, sans pour autant me ruer sur les chocolats de Noël, mais de continuer de me nourrir normalement jusqu’à l’accouchement.
Dix jours plus tard, la diabétologue me reçoit tout de même, lit ce qui est écrit dans mon dossier, et trouve cela inadmissible. Je lui ai dit que j’ai fait quelques contrôles de glycémie entre deux, que les taux ne sont pas pires que pendant le régime alors que cette fois je mange à ma faim, notamment au petit déjeuner. Elle devient furieuse, me dit texto « moi je suis diabétologue, je vois vos chiffres et ils sont mauvais. Je ne suis pas obstétricien, moi, d’habitude je travaille en gériatrie, je n’y connais rien aux foetus, tout ce que je sais c’est que vos chiffres sont mauvais et que vous devez reprendre le régime ». J’ai fondu en larmes dans son bureau, et à nouveau lors du monitoring suivant. Je ne savais plus quoi faire, j’étais perdue. Je n’ai finalement plus repris de RDV avec elle, et décidé de reprendre une alimentation « normale ». Chouquette pesait 3.050kg à la naissance, et à nouveau, on a halluciné que j’ai pu être diagnostiquée diabétique avec un bébé pas bien gros, alors que né à terme.
Prise de décision
Peu de temps après avoir appris ma grossesse cette fois-ci, j’ai pris la décision de refuser tout suivi pour le diabète. J’étais d’accord pour faire attention à mon alimentation, notamment à partir du sixième mois, mais pas de test en laboratoire, pas de monitoring à répétition, et surtout pas de RDV avec l’affreuse Mme R. Les sages-femmes m’ont conseillé d’en discuter avec mon obstétricien, et en relisant mes dossiers, il m’a conforté dans mon idée « on ne vous embête pas avec ça, je pense que les deux premières fois, c’était une erreur de diagnostic, le poids de vos bébés le prouve ». J’ai été soulagée d’avoir son aval quant à ma décision, j’avais même refoulé cela dans un coin de ma tête jusqu’à l’oublier, jusqu’à cet après-midi.
On prend les mêmes… (et on recommence).
RDV du sixième mois avec la sage-femme cet après-midi, et parmi toutes mes inquiétudes, le diabète n’était pas présent. Quand elle a abordé le sujet, ma réponse était nette : je veux bien faire quelques tests avec mon appareil (s’il fonctionne toujours) et faire attention à mon alimentation, mais je ne veux pas de suivi, et le Dr B. est d’accord. Sauf que le Dr B. a semble-t-il oublié de le préciser dans mon dossier, et qu’elle (la sage-femme, hiérarchiquement en dessous donc) est obligée de me faire faire les examens. Je lui ai rappelé toutes mes mésaventures, et elle m’a alors proposé de me faire suivre dans un autre établissement pour le diabète. Quoiqu’il en soit, je dois absolument faire le test avant de revoir mon obstétricien, dans 3 semaines. J’ai déjà deux semaines de retard sur l’examen habituel, il faut que je me dépêche.
Je n’ai pas envie de faire ce foutu test, il faut que je perde 3 heures de mon temps au labo, avec Chouquette à gérer car Papa Choux est allité. En même temps, je me dis que le Dr B. a l’air bien à l’Ouest (il avait lui-même oublié ses dates de vacances, c’est pour dire), et qu’il changera peut-être d’avis en cours de route. Je n’ai pas envie de me mettre tout le staff médical à dos, ce sont quand même eux qui s’occupent de ma santé et de celle de mon enfant. Je sais qu’ils ont le devoir de me traiter comme n’importe qui, que je suis la patiente et que je choisis si j’accepte ou non tel traitement, mais je ne veux pas être le mouton noir du troupeau, celui qui emmerde toute l’équipe à refuser de se faire suivre et à prendre des risques, et que tout le monde connait sans même l’avoir croisé.
Une petite part de moi se dit aussi que si Chouki pèse 4,5kg à la naissance, et a des soucis de santé à cause de moi, je ne pourrais en vouloir qu’à moi-même. Du coup, je suis paumée. Comme quoi on a beau vivre une troisième grossesse, on ne sait jamais tout gérer, et on a pas réponse à tout…
Des retours d’expérience à partager ? Des ratés de suivi diabéto ou des bons souvenirs à raconter ? J’attends vos commentaires !
Hello, je te découvre grace a Instagram, j’attends un petit bonhomme pour début mai et ici la sage femme qui me suis cest tout simplement opposée au test du diabète selon elle 1. Je n’ai pas pris beaucoup 2. Bebe est petit mais dans les courbes 3. Je n’ai a priori aucun antécédent et moins de 35 ans 4. Il est absolument inutile de me rendre malade avec ce test et de perdre mon temps belle fin de grossesse Elodie
Enchantée Elodie, et bienvenue dans la famille Choux ! Je te remercie pour ce retour d’expérience, de mon côté en effet, je ne fais pas non plus des cas à risques, mais tant pis… Je vais aller faire le test cette semaine je pense, et pour la suite j’aviserai… Je tricoterai en salle d’attente du labo pendant deux heures 🙂 A bientôt j’espère !
Bonjour,
je suis enceinte de 16 semaines. Je n’ai pas fait le test dont vous parlez mais juste une glycémie à jeun. 0.93 cela ne passe pas. Bb1 est née à terme dépassé et faisait 3kg040 je n’avais pris que 9kg en tout. Comme je suis en sur poids je surveillais déjà mon alimentation.pour bb2 je recommençais à faire attention.on m’a demandé il y a 15 jours de suivre un régime spécial diabète gesta. 3kg de perdus en moins de 15 jours…. mes taux etaient parfaits. Mercredi j’ai eu rdv à l’hôpital et mon poids les inquietait. Ils m’ont augmenter mes rations et depuis ce matin mes taux explosent les plafonds… je suis perdue.je pense que je vais réduire comme avant. Qu’en pensez vous ?
Bonjour Magali !
Merci de votre (ton ?) passage ici et d’avoir laissé un petit commentaire 🙂 Si à l’hôpital ils vous ont fait les tests sur une journée complète, cela s’appelle un « cycle glycémique » lors duquel on surveille les taux de glycémie au long de la journée pour voir si ça coince plus à certains repas qu’à d’autres. Pour ma part, ça n’allait pas au petit déjeuner, malgré des portions réduites. En effet, si vos taux crèvent vraiment les plafonds, il est important de faire attention. Même si la pression que j’ai subi pour ma part a été assez difficile à vivre surtout à la fin de ma troisième grossesse, il faut penser tout de même au bien être du bébé. Le mieux reste de conserver une alimentation très équilibrée, d’éviter de grignoter hors des repas (car à ces heures là, pas de pic d’insuline produit pas le corps pour compenser suffisamment l’apport de sucre), et de limitée la consommation de produits sucrés à 1 par repas.
SI vous avez des doutes ou des questions plus précises, n’hésitez pas à consulter un nutritionniste ou un médecin spécialisé dans le diabète pour vous accompagner. Les prochaines échographie vous rassureront sûrement quant au poids de votre bébé 🙂 J’ai fait le test du diabète après ma seconde échographie, je devais être à 25sa, mais j’étais un peu en retard je crois… Comment vous portez vous, vous et votre bébé, depuis la semaine dernière ?
A bientôt j’espère !