Honnêtement, il faut être un peu cinglé pour dire « non, moi la bienveillance, ça me plait pas des masses, je préfère mettre une gifle à mes marmots, les humilier publiquement, devenir leur pire cauchemar, tout ça tout ça… ça leur fera le caractère ! » Je ne dis pas que personne ne peut penser comme ça, hein, je dis juste que ceux qui le font sont cinglés. Point.
Je me suis documentée renseignée vite fait sur le sujet : en fait, je suis pas mal de mamans via leurs blogs, les réseaux sociaux, je lis des articles en provenances de sources variées (et je ne les note jamais, et ne mets jamais rien en favoris, pas bien pratique…), et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en ce moment j’entends beaucoup parler de tout ça. J’aimerais vraiment être capable de mettre en pratique ce que je lis, et en même temps, ça m’exaspère à un point inimaginable. La dualité de mes sentiments envers cette forme d’éducation explique en partie pourquoi je rédige cet article : je suis persuadée que je ne suis pas la seule !
La bienveillance : quelques recherches
C’est à la fois si simple dans la théorie, et si complexe dans la pratique, que ça explique pourquoi le sujet fait débat sur la toile, dans la salle d’attente du pédiatre ou sur les bancs du parc. De loin, on dirait que ceux qui pratiquent l’éducation bienveillante avec brio et sans aucun écart semblent être les mêmes qui exposent leur vie parfaite en photos à filtre sur des comptes Instagram tirés à quatre épingles. De loin, on dirait que ceux qui sont « contre », ce sont ceux qui collent des baffes à leurs gosses, n’ont jamais lu un bouquin d’Isabelle Filliozat (oui vous aussi un jour vous découvrirez qui c’est, pour le moment je ne la connais que de nom cette dame, il parait qu’elle est vraiment tip top et que ses bouquins sont géniaux. Mais… j’ai pas le temps, j’ai trois enfants) (excuse recevable pour TOUT !), et hurlent en mettant leur gosse au coin quand il a fait une immonde bêtise (oups, 10 centilitres d’eau sur la nappe, damned !).
Bref, je caricature, mais le pire c’est que je pourrais moi-même entrer dans – presque – les deux cases, selon mon humeur. Ma capacité à appliquer les méthodes d’éducation bienveillante ou de je-sais-pas-quoi positif est inversement proportionnel à mon niveau de fatigue (physique et émotionnel)…
Voilà, là je fais la relou et je vous ponds un lien que vous pourrez lire si cela vous chante, c’est le premier résultat de Google quand on lui parle de « éducation bienveillante » : C’est sur enfantsdelavenir.org et c’est donc la première définition du concept que trouvent les gens qui ne cherchent pas plus loin que le bout de leur nez sur la première page de Google. J’ai donc décidé d’utiliser cette base pour développer mon propos.
Et si on modérait le concept ?
Je veux bien croire que ce sont de grands médecins, pédiatres, psychologues, pédo-psychiatres, chercheurs, et patapouet et tralala qui ont écrit tout plein de bouquins géniaux, qui sont à l’origine de cette philosophie éducative. Il y a de vraies très bonnes choses à prendre dans tout ça, c’est clair et net, y’a pas à tortiller. Mais j’ai envie de modérer les préceptes avancés notamment dans l’article que je vous proposais plus haut, parce que merdum merdas merdare… oui, on peut (on a besoin d’) être égoïste, même en étant parent (cf un de mes précédents articles et mon avis sur la question) et du point de vue de l’éducation bienveillante, ça semble totalement proscrit, et là je ne suis pas du tout d’accord ! (Schizophrénie time)
Reprenons les 6 piliers de l’éducation bienveillante proposés par Enfants de l’Avenir :
1- Priorité à l’enfant
Oui, mais non. Bien sûr que mes enfants passent avant tout, je les aime du plus profond de mon coeur. Mais non, je ne peux pas arrêter de travailler à vie pour leur consacrer tout mon temps, par exemple, contrairement à ce qui serait souhaitable dans l’éducation bienveillante. Je ne peux pas (et ne veux pas, bordelàcul) « répondre aux besoins physiologiques et affectifs de mon enfant en priorité et sans délai« . Pour les besoins physiologiques, ok, je ne vais pas laisser mon fils dans sa couche sale, ou les laisser mourir de faim, c’est prioritaire bien sûr. Les besoins affectifs par contre… modérons les amis, modérons ! Si j’écoutais les besoins affectifs de Chouquette en ce moment, je dormirais tous les soirs dans son lit. Alors je lui apprends qu’un gros câlin et un gros bisou, c’est un condensé de tout l’amour que j’ai pour elle, de quoi tenir chaque nuit jusqu’au lendemain matin. Mais le soir, la nuit, j’ai aussi un mari dont je dois combler les besoins, quoi. Aheum.
2- Relation de confiance
Bien sûr que je souhaite ce genre de relation avec mon enfant, qui ne le voudrait pas ? Pas de rapport de force entre dominant et dominé, c’est ce dont je rêve ! Héhé oui mais… quand on me dit de « renoncer une fois pour toutes à tenter d’imposer le respect parental à tout prix », ça me fait grincer des dents. Quand on rajoute qu’imposer mon autorité à mes enfants, c’est leur imposer de me craindre, ce qui engendrera soumission et/ou rebellion, alors là par contre je vois rouge. Je ne demande pas à être crainte mais à être respectée. Toutes les relations doivent être basées sur le respect de l’autre et de soi-même, et c’est à moi d’apprendre ça à mes enfants. C’est mon point de vue, et ça me parait tellement évident que j’ai du mal à l’expliquer en fait. C’est comme si on me disait « hey, quand tu demandes à ton patron de te respecter, en fait tu lui imposes ton autorité, donc tu vas engendrer chez lui de la soumission/rebellion ! » Bah non, le respect, c’est le respect, point. Et c’est valable dans tous les milieux, toutes les relations.
3- Aimer inconditionnellement son ENFANT
Pas de débat, je vote pour. Même si je me plante dans mes espérances en terme de « vie de famille », si j’applique bizarrement mon projet d’éducation bienveillante modérée, je ne modérerai jamais ce pilier là ! Promis, les puristes !
4- Ecoute émotionnelle
C’est peut-être le point qui m’a le plus attiré au premier abord dans l’éducation bienveillante. Je me suis dit que Chouquette devait bien avoir des raisons de se mettre à hurler pour un crayon qui tombe au sol, par exemple. Et j’ai lu quelques articles qui parlait justement de la place de l’émotion chez l’enfant, comment la comprendre, y répondre… Je suis pour « éviter la frustration » et « écouter la colère » au lieu de m’énerver encore plus, et ça donne de bons résultats, quand je suis assez patiente.
5- Accompagnement souple
C’est un peu flou comme concept. J’en retiens qu’il faut laisser l’enfant évoluer à son rythme, en fonction de ses capacités, sans vouloir le pousser à faire ou ne pas faire ce qui ne serait pas à sa portée (physiquement, psychologiquement, intellectuellement). Si l’Education Nationale pouvait appliquer au moins ça… ce serait pas mal. Bref, je dévie. Là aussi je suis d’accord, bien sûr.
6- Présence chaleureuse
Donner de l’amour, le montrer, le partager, y répondre. Bah ON DIT OUI, chez les Choux ! On s’aime et on le montre.
Appliquée à demi mais 100% bienveillante
Pour moi, l’éducation bienveillante, c’est comme l‘allaitement, le bio ou les principes Montessori : oui mais à ma sauce. Si on s’en tient au fait d’être bienveillante, bien sûr je fais mon maximum, comme tout un chacun le ferait (utopisme, quand tu nous tiens !) avec ses enfants. J’en tire quelques bonnes leçons, des trucs et des astuces, et pour ce qui me tient à coeur je fais comme je l’entends. J’écoute plus mes enfants, j’essaie de mieux comprendre leurs besoins. J’essaie de moins crier, de ne jamais lever la main. C’est dur, très dur parfois. Surtout quand on est un peu à bout, quand on a l’impression que rien ne marche, quand on est dans un tourbillon d’émotions incontrôlable aussi. On fait du mieux qu’on peut, avec tout l’amour dont on dispose, et c’est déjà énorme !
Le gap entre les théories et la pratique. Vaste débat. Merci pour ton article 🙂
De rien ! Vaste débat en effet, quand y’a déjà un débat dans ma tête entre mes petites voix intérieures, ça laisse présager des vrais grands débats sur la toile, c’est sûr 😉
Très bien écrit ton article 🙂 Je pense que chaque parent est bienveillant avec son enfant, après y’a des dosages comme tu le dis. Perso, j’encourage ma fille à chaque petit exploit et je la gronde à chaque bêtise, ca veut pas dire que je cherche à la dominé ou que je met en péril son équilibre psychologique, heureusement tu as su doser 🙂 car beaucoup confonde soumission et respect
Merci pour ton retour 🙂 en effet, tout est dans le dosage ! Dans l’émotion, la punition, l’autorité, et même dans les complimenrs 😉
j’adore ton article! C’est exactement ça on fait ce qu’on peut. Winicott à une théorie qui me décomplexe c’est celle de la mère « sufisamment bonne »
Ps merci pour ton coeur pour mon billet sur bali